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La collection d'oiseaux morts ![]() Pendant des jours, nous avons parcouru les routes du quartier sur nos vélos à la recherche de malheureux oiseaux qui auraient été happés par des voitures. Quand notre sac était rempli d'oiseaux morts, nous rentrions chez Paulo pour cacher notre butin dans le congélateur du sous-sol. Notre plan a failli tomber à l’eau le jour où la mère de Paulo a sorti du congélateur un sac rempli de ce qu'elle croyait être de la viande, mais qu'elle a plutôt fait décongeler un gros corbeau pour le souper. Quand les cris et les hurlements ont enfin cessé, nous avons enfourché nos vélos et déplacé tous les sacs d'oiseaux morts en lieu sûr, c'est-à-dire dans mon congélateur, puis nous avons décidé que nous passerions à l'action le lendemain matin. "J'ai d'abord dû supplier maman de laisser Paulo et Gordon dormir à la maison ce soir là. - Je ne sais pas trop, a dit maman, où allez-vous dormir? - Au sous-sol, ai-je répondu (plus précisément à côté du congélateur, disait ma petite voix intérieure). | ||
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J'ai supplié et argumenté longtemps et maman a fini par accepter. Ensuite, j'ai réglé mon alarme pour quatre heures du matin. Nous devions nous lever dès l'aube si nous voulions être en poste avant que le vieux Butterworth ne sorte : celui-ci avait l'habitude de se lever tôt tous les matins pour observer les oiseaux de son patio. La dernière chose qu'il nous restait à faire était de faire décongeler les oiseaux. Après nous être assurés que mes parents étaient au lit, nous avons sorti nos sacs remplis d'oiseaux morts du congélateur et les avons placés sur le dessus du congélateur pour qu'ils dégèlent. Nous sommes sortis à l'aube le lendemain matin et nous sommes entrés dans la cour arrière de M. Butterworth sur la pointe des pieds pour y placer nos oiseaux morts. Une fois notre tâche terminée, on se serait cru dans une scène de film d'horreur. Il y avait des douzaines d'oiseaux morts sur le dos et leurs petites pattes raides pointaient vers le ciel. Nous nous sommes ensuite cachés dans les buissons qui séparaient son terrain du nôtre pour observer la scène. - Il est quelle heure?, ai-je demandé à Paulo. - Quatre heures et quart, m'a-t-il répondu en baillant. Nous sommes restés cachés dans les buissons sans bouger et en ne parlant que très peu de peur de nous faire repérer par le vieil homme dont la vue était aussi perçante que celle d'un aigle, ou pire, par mes parents. Nous sommes restés là à attendre pendant un bon quinze minutes sans qu'il ne se passe rien, puis nous avons dû nous endormir parce que quand j'ai ouvert les yeux, mes parents, M. Butterworth, plusieurs voisins en pyjama et quatre officiers de police se tenaient au-dessus de nous et nous regardaient avec une expression à la fois inquiète, soulagée et pleine de suspicion. Apparemment, M. Butterworth était sorti de sa maison à six heures du matin pour regarder les oiseaux, comme d'habitude, mais ce qu'il avait vu à la place lui avait glacé le sang dans les veines : des douzaines d'oiseaux morts étendus sur son terrain et trois corps sans vie à moitié dissimulés dans les buissons, là où ils avaient sans aucun doute été déposés par un meurtrier sans vergogne qui errait dans les parages! M. Butterworth avait immédiatement composé le 911 et le bruit des sirènes de police avait attiré mes parents ainsi que toute une horde de voisins, curieux de voir ce qui se passait. Et maintenant, nous devions des explications. Nos parents et M. Butterworth, sans parler de la police, ne trouvaient pas notre petite blague drôle du tout. Gordon, Paulo et moi avons été privés de soirée entre copains pendant un bon mois et nos parents ont trouvé une solution à notre ennui estival : tondre la pelouse de M. Butterworth (gratuitement!) pour tout le reste de l'été! | ||
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